L’ombre du pommier, 2020-21

Cette sérié de 20 photographies noir et blanc a été réalisée entre mars 2020 et mai 2021. Elle s’inscrit dans le huis clos familial et s’attache particulièrement aux attitudes des enfants pendant la pandémie de Covid 19. Mon aînée avait alors 15 ans, mon fils 12 ans et ma petite dernière, 7 ans. Entre tension et rétention, excitation et abattement, cette situation inédite n’a pas encore fini de créer des ondes de choc dans notre quotidien.

Extraits du journal de bord 2020 :

17 mars 2020 

Il fait soleil, le temps est sec et frais. une lumière douce se déploie sur la ville, seule, sans rien qui l’entrave. Tout est transparence et délicatesse.

Les ombres du pommier dont les fleurs viennent à peine d’éclore parcourent la maison, écrivent leur histoire en contrepoint de la lumière, et tissent avec elle un dialogue subtil, délicat… 

Une histoire de la vie, entre lumières et ombres, entre souffrance et joie.

27 mars 2020

D’une enfance à l’autre… Juxtaposition, condensation du temps.

L’espace d’un instant, j’éprouve ce même temps ralenti, plus palpable, je saisis des bribes de ma propre enfance à travers celle de mes enfants.

Garder des traces de ces journées suspendues 

dans ce cocon doux et hors du temps… 

Comme une urgence.

31 mars 2020

La solitude imprègne nos journées, malgré les activités nombreuses : devoirs, échecs, tricot, baby-foot, maquillage…

En une seule et même journée, nous passons souvent du rire aux larmes, de l’abrutissement à l’excitation, de l’abandon à l’effusion.

6 avril 2020

Les premières sorties en famille dans les rues avoisinantes. 

Sentiment d’étrangeté, d’absurdité et d’angoisse… comme en écho aux cauchemars qui m’assaillent une fois la nuit venue.. 

Et ces souvenirs flous de l’enfance qui surgissent inopinément 

au cours de la journée.

17 avril 2020 

La fenêtre aux mimosas d’autrefois est là, devant moi…. et je ne sais qu’en faire.

23 avril 2020

Chaque jour, nous partons nous balader dans notre quartier, chaque jour nous sommes à la fois sidérés par l’absurdité de cette nouvelle vie, et comme apaisés par la beauté de la nature qui nous entoure. 

Les fleurs abondent dans les jardins et parfois nous en chapardons quelques-unes que nous ramenons à la maison. 

En ce printemps, jasmin, camélias, pavots, glycine, magnolias fleurissent sans entrave.

 San Francisco panse nos angoisses par un surcroît de beauté, une explosion de beauté et de senteurs printanières.

Ivresse de la beauté. 

Plénitude de l’instant, grâce du moment.

12 avril 2020

Vérité nue et déchirante de l’ombre, de l’envers, de l’imparfait, des murs lézardés et des fleurs qui fanent… 

Beauté de la vie à l’envers, dans ses nuances de gris, là où elle s’échappe.

Scruter les détails, regarder au-delà des apparences, 

cueillir le beau là où on le pense absent.

16 avril 2020

Ivresse du creux et du manque.

Se vider pour mieux se remplir, 

Aller au fond de soi pour grandir enfin.

2 mai 2020

La lumière est si belle… Rues, plages, parcs et jardins prennent des tonalités dorées qui nous réchauffent, allègent nos angoisses.

Profiter des rayons de soleil, des rires, 

Loin de la peur et de l’incertitude.

20 mai 2020

Cet après-midi, nous nous sommes promenés dans le quartier. 

Les fleurs nous entouraient, nous baignions 

dans l’odeur chérie de la terre après la pluie…

Sentiment grisant de liberté, joie d’être ensemble, 

acceptation de ce présent si incertain 

qui recèle pourtant des moments d’une incroyable beauté. 

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