Une journée de février chez Giovanna, fille unique du célèbre designer milanais, Achille Castiglioni.
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Giovanna a une cinquantaine d’années. Elle s’occupe depuis du patrimoine de son père depuis sa mort en 2003. Pour cela, elle a rapidement abandonné sa carrière de géologue. Je l’ai rencontrée chez elle, dans sa maison milanaise des années 20, juchée au milieu des immeubles modernistes qui bordent le boulevard de ceinture.
La petite maison sombre fait figure de résistante d’un temps passé, d’un Milan qui ne veut pas mourir. Elle est dans la famille depuis plusieurs générations : sa mère Irma y a passé toute son enfance, y a vécu avec son premier mari, puis avec Achille à partir de 1964. Giovanna elle-même y a vécu avec ses parents, avant de s’y installer définitivement en 2006 avec Sergio. Aujourd’hui, la maison porte l’empreinte d’Achille qui l’a agrandie et remodelée pour la rendre plus fonctionnelle.
Giovanna a gardé de nombreux meubles désignés par son père qu’elle utilise au quotidien dans son salon, sa cuisine, sa chambre ou sa salle de bains. Ils se mêlent aux objets collectionnés par sa mère et lui, aux jouets et livres d’enfants de Giovanna et aux pierres qu’elle a collectées au gré de ses voyages. S’ajoutent les oeuvres d’autres artistes, amis de ses parents.
Au total plus de 15000 objets porteurs de l’histoire intime de Giovanna peuplent la petite maison… au point de rendre certains recoins impraticables.
Dans cet espace qui s’apparente à un mausolée par bien des aspects, Giovanna semble vivre entre passé et présent, avec le sentiment confus d’être restée une enfant.